dimanche 16 février 2014

Bataille pour les dépouilles de l’Etat

Le président Michel Martelly, revenu de sa visite officielle à Washington avec des « bonnes notes » et des engagements librement consentis, laisse l’impression d’être sur un nuage. Tet Kalé, un peu plus décomplexé, peut-être un peu plus accroc au pouvoir, évoque le cumul de mandat présidentiel. 

Dix ans de suite au palais national avec des privilèges et une armée de soupirants, d’obséquieux à ses pieds comme un demi-dieu, cela tente. Semble-t-il. De manière délibérée ou fortuite entre-temps, dans ce pays où même le hasard est planifié, on parle d’assemblée constituante, d’amendements de certains articles de la constitution. 

Des voix s’élèvent, s’empressent de rappeler le mécanisme d’amendement de la constitution et un gros verrou. L’article voulant que le président de la République sur lequel une déclaration d’amendement a été introduite ne puisse nullement en bénéficier des avantages. 

Comme aux échecs, des acteurs ne regardent pas nécessaire le quotidien et les problèmes pressant à résoudre. On réfléchit, planifie les coups d’avance pour se maintenir à d’un cadavre d’Etat  ou éviter que l’autre s’y maintienne.

Rien de nouveau sous le soleil. Pendant tout le 19 ème, des chefs d’Etat enivrés par le pouvoir ont braqué contre eux une opposition farouche, parsemée de politiques qui rêvent de leur tour pour enfiler l’écharpe présidentielle. Ici, on compte les œufs dans le ventre de la poule. On fait des progrès qui ont parfois le sort de ceux de la pauvre Pierrette.  

Sur les lèvres de chaque politique, on lira que la chance sourit aux audacieux. Dans cette année électorale, c’est normal de former des projets. C’est normal que les protagonistes se surveillent. Mais, dans ce petit jeu de chat et de la souris, les opposants ont un infime avantage. Ils savent que sur la terre glissée des « toma » ceux qui surestiment leur force, se croient maitre du temps, fin manœuvrier, finissement presqu’implacablement par se ramasser. 

Souvent, ceux qui sont au pouvoir oublient, qu’intelligent est celui qui prend les problèmes du quotidien par la main au lieu d’attendre qu’ils vous prennent par la gorge avec, comme corolaire, des heurts sociaux. 

Cela dit, et pour illustrer, il n’y a aucune raison de dialoguer, de prétendre rechercher des compromis dans le dialogue quand le président Michel Martelly est en désobéissance flagrante par rapport à la constitution à cause de son refus de publier dans le Moniteur, après avoir raté le délai légal d’objection, les juges de la CSC/CA élus par le sénat de la République.

Dans l’Haïti où l’on veut attirer des investissements étrangers, où l’on met en avant ses envies de recevoir plus d’appui budgétaire de ses partenaires, cela fait un peu désordre. Ce n’est pas nouveau. On s’en accommodera. La République continuera à tourner.

Parallèlement, les chefs de l’Exécutif affichent une insolente certitude, laisse l’impression d’avoir des fonds pour financer les fameux « plans spéciaux » dont seul Laurent Lamothe, Premier ministre et ministre de la planification semble avoir le secret à chaque fois qu’un coin oublié fait les manchettes de l’actualité. On va au pif. Personne, par ailleurs, ne veut expliquer pourquoi des chantiers de construction de bâtiments publics sont fermés ou tournent plus qu’au ralenti. Pas question semble-t-il de parler de l’état des finances publics, les perspectives en raison des nuages qui s’amoncellent sur Caracas, sur Petrocaribe.

Cela dit, cette Haïti qui fait des petits pas, qui essaie de sortir la tête de l’eau, reste  excessivement vulnérable face aux chocs externes. L’an passé, la providence avait épargné Haïti, vieux routier de la catastrophe. Le taux de croissance de 4.3 % du PIB en est résulté. Il ne faudrait pas que les chefs l’oublient, eux qui croient dans la solidité de notre économie frileuse, eux qui ont finit par faire une overdose de leur propagande empêchant parfois une approche froide de la réalité financière et économique du pays.

C’est un peu dans ce contexte qui devrait imposer le sérieux dans la recherche de solution aux problèmes qui ne nous ont pas encore prit à la gorge, que des politiques jouent au plus malin. Se battent pour le cadavre d’un Etat.

Roberson Alphones source: Le Nouvelliste

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