Dans une lettre adressée à la Ministre de la Culture, Josette Darguste, le 25 février dernier, Le Réseau National pour la Défense des Droits Humains (RNDDH) attire L'attention sur les menaces que fait peser le gouvernement Martelly / Lamothe sur la liberté d’expression en général et la liberté artistique en particulier, dans l’organisation des festivités carnavalesques. Selon une note acheminée à Haïti Press Network.
Dans cette lettre, le RNDDH, rappelle à la Ministre que le Carnaval est une fête populaire qui offre aux groupes musicaux et artistiques l’opportunité de peindre , à leur manière, la réalité politique, sociale et économique du pays et c’est aussi l’occasion pour la population d’encenser ou de critiquer les responsables de l’Etat.
D’après le RNDDH, la participation des groupes musicaux aux festivités carnavalesques dans le temps, dépendait soit des autorités étatiques, soit du secteur privé des affaires, selon la qualité de la musique proposée, l’inspiration du texte et la capacité des artistes à animer un grand nombre de personnes, certains groupes participaient aux défilés avec l’appui des autorités centrales ou municipales. Cependant ceux qui n’étaient pas retenus par les autorités n’étaient pas interdits d’y participer mais étaient invités à se trouver des sponsors dans le secteur privé.
Les règles de participation aux festivités carnavalesques ont changé aujourd’hui, puisque c’est le président de la République, Michel Joseph Martelly, qui prend à lui seul la place du Comité chargé d’organiser le Carnaval National, décide selon ses caprices, qui doit ou non participer aux défilés, poursuit la lettre.
Ainsi, des groupes musicaux, qui sont considérés par plus d’un comme étant des habitués de ces festivités et attendus par leurs fanatiques, sont interdits de participation, « parce que le président de la République en a décidé ainsi », même lorsque ces groupes bénéficient de l’appui du secteur privé, avance le RNDDH.
D’après RNDDH, cette nouvelle pratique antidémocratique, qui a son essence dans l’intolérance du président de la République prend des proportions inimaginables. En ce sens, les groupes musicaux comme « Brothers Posse » et « Kanpech »qui ne font l’éloge du pouvoir en place ne sont pas autorisés à prendre part aux activités culturelles organisées par les autorités locales ou nationales dont les fêtes patronales, les festivités pré-carnavalesques et le Carnaval.
Le RNDDH, fait état de l’incident survenue, le 8 février dernier, à Moron, dans le département de la Grande’ Anse, où des agents de la Police Nationale ont fait usage de gaz lacrymogène, lors de la performance de Brothers Posse durant les fêtes patronales, Notre Dame de Lourdes.
Le groupe Kanpèch, qui n'est pas non plus en odeur de sainteté auprès du Président de la République, ne peut performer nulle part en Haïti.
La RNDDH rappelle à la Ministre, que le président Martelly a lui-même déclaré que l’argent de l’Etat ne sera pas octroyé à des groupes musicaux en vue de leur permettre d’organiser des manifestations antigouvernementales et menace quiconque qui permettrait a ces groupes bannis de performer
D’après la note, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) précise, « dans une société démocratique, l’Etat doit garantir une activité artistique qui dérange autant qu’elle charme », donc l’obligation est faite à l’Etat de créer et d’entretenir un climat qui favorise la liberté d’expression et artistique.
L’Etat doit aussi fournir les conditions matérielles propices à la réalisation des talents créatifs, suivant les instruments pertinents de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), dont la Recommandation Relative à la Condition de l’Artiste, adoptée en 1980, poursuit la note.
Le RNDDH, reprend à l’ intention de la Ministre, les propos de la rapporteuse spéciale des Nations-Unies dans le domaine des droits culturels, Mme Farida Shaheed, qui affirme que « l’Art constitue un moyen important pour chaque personne, individuellement ou collectivement, ainsi que pour les groupes de personnes de développer et d’exprimer leur humanité, leur vision du monde et le sens qu’ils attribuent à leur existence et à leur réalisation ».
Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dit compter sur la sagacité de la Ministre à bien analyser une situation qui porte préjudice à une catégorie d’artistes détenteurs eux aussi de droits, dont le droit au travail, aussi dit-il espérer que des dispositions seront prises par ce Ministère, afin de corriger cette situation.
Betty DESIR hpn
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