jeudi 20 février 2014

De Washington à Paris, en passant par le Vatican

Moins de quinze jours après sa visite officielle à Washington, Michel Martelly a quitté le pays mercredi pour une tournée en Europe. Le chef de l’Etat s’entretiendra  respectivement avec le président français François Hollande, le pape François, Sa Majesté le roi Philippe de la Belgique. Cette visite du président de la République intervient quelques joursaprès que le dialogue interhaïtien, sous les auspices de la Conférence épiscopale d'Haïti, enclenché depuis plusieurs semaines, n’a pas produit les effets escomptés. S’il y a  dialogue entre les forces politiques dans le but de trouver un accord sur des questions d’intérêt vital, c’est parce que la gouvernance fonctionne en dents de scie. L’équipe au pouvoir en est-elle consciente et peut-elle trouver les voies et moyens nécessaires afin de redresser la barre ? 

Dans ses pourparlers avec les chefs d’Etat étrangers, Michel Martelly va discuter de coopération  bilatérale, d’investissement, de tourisme, que le pays est prêt à recevoir et,  selon toute vraisemblance, les questions de gouvernance, d’élections démocratiques et de stabilité politique seront sans nul doute abordées par ses homologues européens qui sont au courant de l’évolution de la situation en Haïti et surtout de la crise préélectorale.  

Le président de la République donnera toutes les garanties sur l’organisation d’élections libres  comme il vient  de le faire à Barack Obama. Cependant, la crise entre la présidence et le Sénat relative à la publication de la liste des conseillers de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif justifie le malaise profond qui caractérise les rapports entre les représentants des grands corps de l’Etat. Alors que Michel Martelly conduit la délégation qui va assister à la cérémonie de création du cardinal Chibly Langlois, le président du Sénat, de son côté, prend la tête d’une délégation parlementaire qui se rendra également au Vatican à la même cérémonie. Ces signes de désaccord entre la présidence et le Sénat sont-ils porteurs d’espoir d’harmonisation ou de durcissement des rapports ? N'y a-t-il pas lieu de tourner la page à cette occasion ?

Contrairement au bureau de communication de la présidence, l’image positive du pays à l’étranger se caractérise par  la bonne gouvernance, l’organisation d’élections régulières, le respect du principe de la séparation des pouvoirs, la stabilité politique et la création d’emplois. La visite du président  en terre étrangère ne peut en aucun cas contribuer  à améliorer l’image du pays à l’étranger. 

Il serait bienséant que la cérémonie de création du cardinal Langlois au Vatican soit le point de départ d’une prise de conscience des acteurs politiques haïtiens qui ont toujours privilégié leurs intérêts de clan au détriment  de l’intérêt supérieur du pays.

Lemoine Bonneau


Source: Le Nouvelliste

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